Le connaisseur ébahi

Sourire aux lèvres, Matek Milippe Calastata en or jaune au poignet, lunettes Tal-Heure sur le front, Nicolas Sassufi (actuellement à l'affiche du film de Joséphine Poutrine avec Carla Bruti et François Fuyons : Les Improbables) me rejoint dans ce restaurant typique du sud-ouest Parisien. Il est à l'heure, ce qui dénote d'emblée son goût des belles montres, et semble ravi de cet entretien qui va lui permettre d'enfin parler de son sujet préféré, les montres : "malgré mon emploi du temps extremement serré, j'ai enfin l'occasion de discuter de mes petites chéries, j'adore ça !"
Finalement, nous buvons un petit armagnac hors d'âge vite fait et poursuivons notre conversation chez lui : "je vais pouvoir vous montrer mes merveilles".
D'emblée, on comprend qu'il aime vraiment ça. Une vitrine présente, de la plus belle des façons, une série d'une bonne quinzaine de pièces de collection toutes plus sensationnelles les unes que les autres, jugez plutôt : une Zebith El Secondo de 1969, une Lanche&Söhne "pour le courage", une Vacherin-consentante "pas très money" ou encore une autre Matek Milippe Calastata à quantième séculaire avec phases de lune, pour commencer.
C'est Nicolas qui pose tout de suite les questions : "Avez-vous vu la dernière Bregoultre-Philistantin Double-Gyrotourbillon à Résonnance et Remontoir d'égalité Zéro-G ? Avez-vous bien pris la mesure de cette révolution horlogère historiquement inégalée ? Je compte en posséder une d'ici un mois, ce qui est une chance car elle ne sera pas livrée avant très longtemps"
Il sait de quoi il parle ; Nicolas n'est pas l'homme gâté qui s'offre les belles montres pour paraître, mais bien parce qu'il connaît et qu'il sait apprécier l'horlogerie pour ce qu'elle est : l'expression du génie humain faite mécanique et bijou à la fois. Il n'a d'ailleurs que des pièces d'exception, de celles qui ont une histoire, comme sa Tal-Heure Monte-Carlo "Steve Drag-Queen".
"Cette passion et ce goût des belles choses me vient de mon grand-père qui, pendant la guerre, avait caché sa montre pendant deux ans à un endroit que je ne citerais pas, pour me l'offrir telle un trésor familial lorsque j'avais seulement 8 ans... c'était une Zebith, je me souviens...". La montre a aujourd'hui disparu, mais d'autres ont été acquises depuis, et cette vitrine, devant les yeux, fait tourner la tête.
L'horlogerie, on sent que Nicolas s'y intéresse ; il ne possède pas toutes ces montres que comme un caprice de collectionneur. Il est érudi. Il sait que certaines de ses mécaniques sont pourvues d'échappement, et il sait que les rouages de ses Calastata sont en or 24 carats parce qu'il sait que c'est avec du bon métal qu'on fait de bons mouvements.
Sa favorite ? Une Bregoultre-Philistantin extra-plate avec petite secondes au centre qui en fait une pièce absolument unique, d'une rare sobriété et pourtant d'une élégance éclatante. Car, en plus d'être connaisseur, Nicolas aime la sobriété avant toute chose. "Je possède des Rotex, bien sûr, car ce sont des montres d'exception avec, la plupart du temps, des rotors tournant (petite note montrant ses compétances, s'il en était encore besoin). Mais je prends soin de ne choisir que celles qui ne sont pas tape-à-l'oeil, celles que l'on ne remarque pas."
Et ses montres, il les porte toutes, suivant son emploi tu temps, ou les films dans lesquels il joue. Il pousse même le talent jusqu'à faire allusion, dans les dialogues de ses films, à la belle qu'il porte au moment du tournage, au poignet : "...tu ne seras jamais aussi précis qu'un duo-tourbillon..." lance-t'il à Benoît Poulemorte dans Astérix boit pour oublier, faisant allusion à l'Alpha à double tourbillon.
Cela fait déjà plus de deux heures que Nicolas me parle avec passion de toutes ses montres et, comble du sujet, nous n'avons pas vu le temps passer. Il finit par accepter de me raccompagner jusqu'au bureau dans son Aston-Marcel DBS qu'il déverrouille grâce à un simple contact sur sa Bregoultre-Philistantin AMVEAU DBS à quartz, qui lui indique également la pression des pneus. On se promet de se revoir au prochain salon de Genève, où il risque fort, par amour de la sobriété, d'agrandir encore un peu sa collection, me jure-t'il.

(inspiré de l'article "l'amateur éclairé" du journal Montre Magasine)

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