Finis ton travail et range ta chambre...

Le très sérieux « Centre d’Etude Scientifique du Comportement Social et des Neuro-pathologies de Groupes » qui se fait connaître, par ailleurs, pour son étude sur un forum ("Passion de la Marne", ou un truc du genre) et surtout son Administrateur multi-personnel, a récemment publié cette étude :
Dans un enclos conditionné, 5 singes sont placés sous surveillance continue.
Image Au centre de l’enclos, un plateau de bananes est placé au sommet d’une grande échelle.
Image Chaque fois qu’un singe grimpe à l’échelle, les autres sont arrosés à l’eau froide.
Image Très vite, dès qu’un singe tente de grimper, les autres le frappent et l’en empêchent.
Image Bientôt, plus aucun des 5 singes n’essaye de grimper à l’échelle, malgré les belles bananes…
Image On remplace alors un des singes, et le nouveau essaye immédiatement de grimper à l’échelle ; tout de suite, les 4 autres se précipitent sur lui et le frappent. Le nouveau apprend donc très vite qu’il ne faut pas grimper à l’échelle, même si il ne sait pas pourquoi.
Image On remplace un 2ème singe, et la même chose se produit, avec le premier remplaçant frappant de concert avec les 3 autres, toujours sans savoir pourquoi. Puis on remplace un 3ème singe, puis le 4ème et jusqu’à tous les remplacer. Et à chaque fois, le rituel continue : dès que le nouveau met une patte sur l’échelle, il se fait frapper par les 4 autres.
Image il reste en fin de compte 5 singes dans l’enclos qui, bien que n’ayant jamais reçu de douche froide, continuent de frapper celui qui oserait tenter de grimper à l’échelle pour prendre les bananes.
S’il était possible de demander à ces singes pourquoi ils frappent systématiquement celui qui essaye de grimper à l’échelle, il y a fort à parier qu’ils répondraient :
« Je ne sais pas exactement… mais c’est la procédure, non ? »
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Il faut croire que l’étude aurait pu se faire sur des groupes de créateurs horlogers lorsqu’on regarde les finitions et décorations ; ciselage, anglage, côtes de Genève, bleuissage, guillochage, etc., sont autant de travaux supplémentaires à la fabrication même des mouvements qui, vu la variété de leurs exécutions, ne semblent pas s’appuyer sur une même origine du besoin pour tous…
En effet : qu’en est-il de l’essence des ces finitions ?
La question est ouverte, car je n’ai aucune réponse à ça… mais je suppute qu’il y a, inscrits sur ce forum, certains dont l’avis est éclairé et intéressant : ce sujet est pour eux.
Pour lancer les discussions, voilà ce qui a fortement convaincu mon for… mais la certitude étant un grand pas vers la sottise, je me garderais bien de dire que c’est une Vérité. C’est un appel aux connaissances :


Avant toute chose, j’ai en tête que la plupart de ces tâches, au-delà de leur raison pratique, se font également (normalement) dans un esprit de bien-facture, comme une signature de l’artisan /la marque, pour embellir et pour soutenir un ouvrage (une œuvre) dont on est fier. Elles doivent donc être belles, le plus possible, et de façon qu’aucune machine ne saurait entièrement rendre.
La parabole de la caisse enregistreuse de supermarché sur laquelle est écrit « Bonjour !» est explicite. Nul ne saurait dire bonjour à une machine ; si la caissière elle-même souhaite passer le bonjour aux clients, c’est une bonne chose. Mais lui substituer cette action par un affichage sur la caisse est décalé. Pour ce qui est des finitions/décorations…


- Le guillochage a été systématisé par Breguet comme une façon élégante de masquer la misère des vilaines traces de crasse sur les cadrans lisses, et surtout les traces laissées par les grosses mains pleines de doigts sur des montres de poche. De fait, un cadran qui ne serait pas totalement guilloché serait quelque peu hérétique, vis-à vis de l’essence du guillochage.


- L’anglage a la même finalité que tout chanfrein : casser des angles. Mais pour les montres, l’idée est de s’assurer qu’aucun copeau/bavure/écharde (je sais pas trop comment ça s’appelle) de métal ne puisse, dans un futur proche, se détacher pour tomber dans les rouages ou contre un pivot… L’anglage est un tout petit peu plus que ça puisqu’il doit être, de fait, poli et si possible arrondi : non seulement parce que c’est plus beau, mais surtout parce que c’est comme ça que c’es le plus efficace.
On retrouve aujourd’hui bon nombre d’anglages qui ne sont plus que l’ombre de ce qui me semble les définir, de simples coups de fraiseuse passés rapidement en une fois, souvent avant même les décorations de dessus comme les côtes de Genève ou le perlage, et ainsi aussi dénués de beauté que d’efficacité.


- Le bleuissage, surtout des vis, serait avant tout un indicateur de revenu (eh oui… c’est pas Rolex !). En effet, si la dureté de l’acier travaillé ne se maîtrise pas au trempage, en revanche le revenu permet de mieux gérer car la couleur que prend l’acier en surface change quand on chauffe : lorsque la vis vire au bleu, elle n’est pas trop dure pour être cassante, mais suffisamment pour avoir un filetage solide et résistant… et puis, c’est beau, non ??
Ce dernier point se discute puisque les horlogers d’antan mettaient un point d’honneur à ne surtout pas laisser la moindre trace visible d’un bleuissage, en polissant tout ce qui avait été revenu à la chauffe. Toutefois, même autrefois dans les temps anciens que les moins de 150 ans ne peuvent pas comprendre, certaines pièces – les aiguilles, par exemple -- étaient bleuies juste pour la couleur ; donc l’essence que j’évoque est très discutable (comme l’essence C si c’est sensé sans ce sens-ci).
Il est dit également que le fait de bleuir (et laisser le bleu) des pièces en acier leur assurait une meilleure résistance à la corrosion, et en particulier à la rouille. A vérifier aussi, car je trouve le patchwork bleu/rouille des plus… …inefficace pour la décoration.
Il reste que certains bleuissages d’aujourd’hui, probablement faits au four, même si quasiment tous sont d’essence décorative, font très décalés par rapport à là où ils sont faits. Certaines restaurations dont on aura bleui des vis sur une pièce d’époque où c’était un signe de travail non fini… Certains décalages comme le bleuissage intempestif de trop de vis, ou d’éléments incongrus quand ils sont bleus…


- Les décorations de grandes surfaces comme les ponts et platines, comme les côtes de Genève, circulaires ou soleillées, le perlage, le microbillage, le sablage… sont avant-tout, semble-t-il, des décoration, point. Mais…
Comme vous mettez de la peinture ou du papier peint sur vos murs, il convient de rendre toutes ces grandes (tout est relatif) surfaces exposables à tout œil qui s’y poserait, quand bien même il ne s’agirait QUE de celui de l’horloger en SAV. Ces décorations sont a priori faites pour cela. Sur les platines, les ponts, les diverses phases de la fabrication de la montre laissent souvent un tas de rayures aussi disgracieuses qu’incohérentes et… heu… moches (il faut le dire !) que ces décorations servent à soustraire aux regards insolents.
Néanmoins, il se dit dans les milieux, sinon autorisé, au moins éclairés, qu’il est important d’empêcher les micro-poussières d’aller transformer les huiles et autres subtances graisseuses en abrasifs de compétition, et pour ce faire tant que se peut, on retiendra ces dites poussières le plus loin possible des entrailles le la montre ; tout traitement de surface autre qu’un poli permet de créer des rugosités, voire des porosités, qui retiennent justement ces poussières. Les bandes de Genèves, perlage, sablage et consors auraient donc une véritable fonction pratique… Je pense qu’il doit y avoir encore d’autres choses, puisque le perlage est une technique qui est également beaucoup utilisée pour les tableaux de bord des vieilles Bugatti, par exemple, ou autre panneaux supportant compteurs ou instrument. Une piste à creuser.
Ce qui est certain, c’est que lorsque ces décorations en viennent à enlever la matière comme si elles étaient faites au tractopelle, ruiner les anglages en offrant à la vue le profil très houleux de ces vagues de Genève dont le lac est apparemment en pleine tempête, ou encore raboter les surfaces au point de ne plus discerner l’usinage de la décoration, c’est qu’on n’est plus vraiment dans l’idée d’origine.


- La gravure, avant d’être utilisée pour décorer, sert surtout à identifier : que ce soit pour rappel de la dernière retouche d’un horloger, avec une date et une mention, pour une dédicace comme « à Môman, pour toujours… », pour une étiquette comme un poinçon, un blason, la gravure doit être ‘’lisible’’ et bien entendu, belle. Mais finalement, probablement par extrapolation, on peut en venir par graver tout un pont, ou plusieurs ponts, une boîte, etc., pour décorer à la manière de fresques et donner ce qu’on pourrer définir par « du style » à l’ensemble, en embellissant encore la montre. On reconnait la patte de Glashütte I/SA par les ponts de balancier systématiquement gravés à la main… pas toujours avec la classe de ce que ferait le maître Jean-Bernard MICHEL, mais suffisamment élégante (la patte) pour conférer à ces montres au certaine aura certes un peu baroque mais définitivement typique et raffinée. La dérive est dans certaines gravures qui doivent être le résultat d’une perte de maîtrise de la pointeuse tant cela ressemble à des dérapages de machines, et qui viennent alourdir la décoration de certaines montres au point de faire passer la Graham Ali-Baba pour une pièce KISS*
La gravure se déplace aussi sur les fonds de montres, pour mieux personnaliser les gardes-temps, dans cette course à la pièce unique. La encore, c’est bien fait, mal fait, artisanal ou industriel, mais à l’origine, c’est utile : on compte beaucoup de Reversi (une Reverso.. des Reversi) arborant au verso : « pour lire l’heure, retourner… ».


Lorsqu’il s’agit d’être vraiment décoratif et de plain pied dans les métiers d’art, on s’approche d’autres disciplines comme l’émail, la laque… Peut-être que certains rubis supplémentaires aideront à la décoration, encore que les rubis ont, en horlogerie, une vraie fonction indispensable, mais s’il me faut parler du sertissage, de l’émail cloisonné ou autres, je m’abstiendrai de finir de me ridiculiser… Je laisse donc la parole à ceux qui en savent plus avant.
8) 8) 8)
(*) KISS pour Keep It Simple and Stupid - Merci Cepheus1960 :wink:


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:D D'autres infos sur... http://www.horlogerie-suisse.com/articl ... -1542.html

Clin d'oeil au Sourire...


Le Sourire de Saïgon est reconnu comme le plus haut centre de la gastronomie horlogère parisianno-saïgonnaise. Aussi, ce n'est pas une surprise que son généreux patron, Richard Dang soit enfin adoubé par une des plus grandes marques : A.Lange & Söhne !
:shock: :shock: :shock:
La montre est à la fois sobre et utile. La plage de l'Happy Hour (Pour chaque cuisse de grenouille commandée, la serveuse en rapporte deux ...) est clairement mais pudiquement mise en valeur, entre 7h. et 8h. et la montre est de l'élégance raffinée qui convient si bien à l'ambiance du restaurant.
Richard est ainsi entré dans la confrérie horlogère, et par la grande porte...
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Portrait d'un forumeur : Suliac

Tout commence par quelques-uns des plus beaux sujets de ce forum (pour rappel) :
:arrow: viewtopic.php?f=2&t=11604
:arrow: viewtopic.php?f=2&t=13435
:arrow: viewtopic.php?f=2&t=15628


C'est en lisant ces sujets, en complément des fantastiques détails que nous offrent ceux que je ne citerais pas de peur d'oublier des noms, que quelques réflexions me sont venues en tête :
- ce forum est vraiment top !
- il est addictif... et l'horlogerie est addictive, quand elle est montrée par ceux qui s'y intéressent vraiment.
- Suliac est vraiment impressionnant, tant par sa maîtrise, son engouement, que par son humilité et sa maturité ; des propos toujours justes et rien de péremptoire.
- Il est bon de connaître Suliac maintenant car quand il fera des montres dignes des plus belles pièces de l'âge d'or de l'horlogerie, ça le fera grave dans le forum de dire : "je l'ai vu tailler ses premiers axes et faire plein de vis pour le plaisir...".
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Suliac est breton... mais il se soigne : il est parti étudier à proximité des vaches mauves, dans le Doubs, à Morteau.
Il vit donc à Morteau depuis quelques temps où, année après année, il franchit allègrement les étapes des études de haute horlogerie pour être très bientôt diplômé jusque par dessus la tête de tout ce qu'il faut pour être non seulement demandé par les meilleurs boîtes, mais surtout arraché par les plus grands connaisseurs car...
Suliac ne plaisante pas avec l'horlogerie !!
Il parlera lui-même de son parcours exact, s'il le souhaite ; je me contente de raconter quelle personne j'ai rencontrée et vraiment appréciée (et je suis loin d'être le seul). Ce qui me fait dire qu'il ne plaisante pas, c'est que l'individu a fait moult stages et maints jobs ou autres concours qui lui ont permis, à chaque fois, de rencontrer des très grands messieurs de l'horlogerie et de s'exercer au point de toujours faire à peu près 230 à 240% de ce qui lui était demandé.
On lui demande de polir une vis : il la fait de A à Z, polissage, anglages et revenus inclus...
On lui demande de nettoyer un mouvement : il refait toutes les pièces qui semblent un peu usées ou simplement moches...
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Il y a quelques années, Suliac a fait un stage chez Vianney Halter, à la Manufacture Janvier... Bon : j'avoue que ça a attisé également mon attention Image
L'objet ressorti de ce stage était le tourbillon sur le réveil Europa (c.f. premier sujet en haut). Aux dires de Vianney aujourd'hui, Suliac était le premier à l'usine le matin, et le dernier à partir le soir. Et aussi le week-end !! A tel point, qu'il était préférable de lui laisser les clés de l'usine malgré les trésors dont la manufacture regorge, pour qu'il puisse utiliser tout le matériel nécessaire à n'importe quel moment, pointeuse, tours, etc.
Lorsque d'autres préfèrent consacrer leur week-end à la PS3, monsieur taillait des ponts et autres pièces qu'il aurait par ailleurs pu trouver tout faits. Mais on peut dire que Suliac suit ce précepte à fond :
"Offre un poisson à un affamé : tu lui ôteras sa faim. Apprends-lui à pêcher et il n'aura plus jamais faim." ...et j'ajouterais même : "Apprends-lui à apprendre, et il mangera du poisson ET de la viande"
C'est AUSSI pour ça qu'il est bon de le connaître : les horlogers (les vrais) lui font confiance, et donc on gagne en crédibilité en le cotoyant :clin:
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Cette année, Suliac a fait un stage dans une très grosse entreprise : l'atelier de Jean-Baptiste Viot. Là encore, mon attention a été doublement stimulée puisque cela m'a donné l'occasion de facilement pouvoir le rencontrer et mon admiration pour M. Viot m'a fait penser qu'il choisissait ses stages avec le soin proportionnel à sa passion.
Bon... l'objet du stage n'est toujours pas très clair, mais en gros, beaucoup d'activités et de projets se sont forgés grâce à cette incroyable rencontre :
- Un chronographe à rattrapante qui devait être restauré (c.f. sujet 3 en haut)...
- de l'expérience acquise et même partagée (je vous invite à discuter avec M. Viot à ce propos...) sur la fabrication d'une montre entièrement à la main...
- une admission à participer à un fabuleux concours organisé par une très grande marque allemande (qui commence par Lan... et finit par ...hne) dont je ne peux pas vraiment parler mais dont Suliac nous fera probablement un chouette sujet comme il en a le secret, très bientôt...
- un permis moto (réussi)
- un dîner chez Richard (évidemment)
- la mise en place d'un réseau de connaissance pour trouver l'horlogère idéale (toute personne intéressée : me contacter par MP)
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Bon... quand on parle d'histoires de temps : Le m'sieur Suliac, en plus de suivre ses études, de faire son projet de fin d'année, de faire des stages chez les plus grands horlogers, de lire tous les fora juste pour s'enrichir encore et toujours plus (quoique sur certains, on ne s'enrichit pas vraiment - dixit Suliac lui-même), de lire tout court, de passer son permis moto, de manger des beignets au fromage et de chercher (en vain) à obtenir le numéro de téléphone de Maryse, eh ben... il travaille !!
Job d'été : SAV chez une maison dont je tairais le nom (ça commence par TAG et finit par Heuer) où les anecdotes étaient nombreuses et mériteraient un fil entier :twisted: , mais c'est pas le sujet ici.
Si je vous dis qu'il occupe le temps restant à faire quelques menus travaux dont voici des images avec ses propres propos :
"Aujourd'hui, j'ai fait des vis... ...j'arrive à amener le filet relativement près de la tête. Du moins, suffisamment près... Sur la tête, tu remarques qu'il reste un téton, que j'ai volontairement laissé lors de l'usinage, car c'est lui qui m'indiquera le centre de la tête au moment de fendre la vis. C'est une technique de Jean-Baptiste Viot, simple, rapide, propre. Et efficace."
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Et là, je ne vous montre pas le reste : les ponts, les ressorts, etc. que Suliac n'a fait que pour vérifier qu'il y arrivait ou qu'il employait la bonne méthode...
On admettra que Suliac semble être une nouvelle incarnation de ce qu'est la vraie horlogerie...
:shock:
Si vous discutez avec les horlogers qui l'ont cotoyé, il semble indéniable que Suliac fait partie de ceux qui sont "habités" par cette passion qui se retrouve chez les plus grands. Je pourrais citer au hasard les quelques remarques que j'ai entendu de Vianney Halter ou Jean-Baptiste Viot :
- Un gars comme lui, on en croise très rarement et on ne peut QUE regretter de ne pas avoir les moyens de l'embaucher...
- Il faut absolument qu'il travaille là où il se fera plaisir mais j'ai peur qu'on se l'arrache dans des boîtes de m..rde
- Travailler chez ***biiiiip*** ou chez ***biiiiip*** ("manufactures" industrielles) serait de la confiture à des cochons...


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Bon, mais comme je sais qu'il risque de lire tout ça, je vais éviter d'en faire trop ; je ne vous cache pas qu'il est AUSSI bien sarcastique alors... gare aux âneries que vous pourriez poster (et il faut que je prenne ça pour moi avant tout !) :clin:
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